Sténographie (la)

La sténographie serait-elle l'ancêtre de l'écriture SMS? C'est en  tout cas ce que semble penser l'encyclopédie en ligne Wikipédia, dans son article réservé à la chronologie de la sténographie. Personnellement, je ne le pense pas car l'écriture SMS, si elle est bel et bien une écriture « raccourcie » a  un très gros défaut : elle fait perdre toute notion d'orthographe, ce qui n'est pas le cas de la sténographie.

Leurs buts sont également différents : la sténographie permet de prendre des notes rapides pour les restituer en texte clair, précis et correctement orthographié. Le langage SMS ne sert qu'à communiquer rapidement.

Mais qu'est-ce que réellement la sténographie ?

« La sténographie (du grec stenos, serré et graphê, écriture), est l'art de se servir de signes conventionnels pour écrire d'une manière aussi rapide que la parole ». C'est ainsi qu'est définie la sténographie dans le Cours complet de sténographie publié par les éditions Foucher à Paris dans l'entre-deux-guerres.

Remontons le temps :

Les premières traces d'écriture rapide dateraient de 430 avant J.-C., date à laquelle Xénophon aurait utilisé un tel système pour transcrire les discours de Socrate.

Mais les premières traces conservées sont de Tiron, un esclave de Cicéron qui inventa sa propre méthode de sténographie ; il se serait inspiré des notes grecques.

Au Moyen Âge, les scribes employaient des abréviations ; mais ces transcriptions étaient personnelles et pas toujours compréhensibles pour de tierces personnes.

On trouve également des traces de l'existence de la sténographie dans des circulaires de Charlemagne envoyées aux écoles auxquelles il recommandait « l'étude des psaumes, de la sténographie, du chant, de la grammaire.... ». Dans de nombreux autres manuscrits, on trouve ces « abréviations », certains documents - comme des lettres - étaient souvent ainsi rédigés, en commun avec les caractères latins.

Plus tard, le Lexicum diplomaticum de Walker contient des informations sur un certain nombre d'abréviations adoptées pendant le Moyen Âge, mais dépourvues de signes spéciaux. Par la suite sont apparues en Angleterre l'Ars Scribendi Characteribus (1412) de Jewel ainsi qu'un ouvrage de Plymouth qui consistaient en une écriture courante où l'on supprimait des consonnes, et parfois des syllabes entières. Ces systèmes d'écriture rapide ont servi de modèles à l'élaboration des premiers systèmes sténographiques modernes.

Les différentes méthodes.

Tout comme il n'existe pas qu'une seule langue, il n'existe pas une seule sténographie (avouez que cela aurait été trop facile !!!).

Le premier traité d'écriture abrégée fut publié en 1602 ; nous le devons à l'anglais John Willis. Son système « géométrique » sera repris et simplifié par Samuel Taylor en 1786 et sera utilisé jusqu'au dix-neuvième siècle. Ce « système » est considéré comme le véritable ancêtre de la sténographie.

En France, c'est Jacques Cossard qui publie, en 1651, une « Méthode pour écrire aussi vite qu'on parle ».

Selon les pays, le système géométrique d'écriture abrégée de Willis et Taylor est remplacé par plusieurs types nouveaux, ce qui est logique chaque langue ayant ses spécificités propres.

Basé sur la phonétique, et  représenté par des lignes droites et courbes, le système inventé, en 1837, par Sir Isaac Pitman rencontre un grand succès en Angleterre et en Amérique du Nord. En 1888, John Robert Gregg propose un autre système (géométrique et cursif) qui sera adopté par les Etats-Unis et le Canada, vu sa simplicité.

En France et après plusieurs essais peu concluants, le système Prévost s'impose en 1826 : sa caractéristique « est de ne pas exprimer les voyelles médiales, mais seulement les voyelles initiales et finales qui s'entendent, et de représenter toujours le même son par le même signe ». Amélioré en 1878 par A. Delaunay, le système prend le nom de Prévost-Delaunay et se veut « la perfection dans la vitesse ». Un autre système, celui de l'abbé Duployé, est présenté à l'exposition universelle de 1867. Le système Prévost-Delaunay sera surtout utilisé dans le nord de la France, le système Duployé dans le sud.

Pratiquée par une certaine élite et à des fins personnelles, les premiers utilisateurs professionnels se rencontrent parmi les journalistes ou dans le monde judiciaire. Quant aux sténographes, ils n'entrent dans les bureaux que vers la fin du 19^ème siècle. A cette époque,  ce métier est essentiellement masculin, mais il se féminisera rapidement avec l'entrée des femmes dans le monde du travail.

Une bonne « sténo » peut prendre des notes jusqu'à 130 mots par minute. La vitesse de croisière est généralement de 100 mots/minute. Une bonne « dactylo » peut  « taper » jusqu'à  50 mots/minute.  Autrefois, il existait des « concours » spécifiques à ces disciplines, ce qui constituait un atout majeur si vous vous présentiez pour devenir secrétaire.

Existe-t-il encore des sténographes ?

La machine à sténographier est de conception française. Les deux modèles les plus utilisés sont ceux de Bivort (1904) et de Grandjean (1910). Le premier l'appelle la « sténophile », le second la « sténotype ». Leur utilisation nécessite un apprentissage et un entraînement permanents.

Un autre concurrent fait son apparition vers 1910, il s'agit de la machine à dicter ou « dictaphone ».

Aujourd'hui, l'usage de la sténographie et, en conséquence son enseignement, ont pratiquement disparu.

La sténotypie se perpétue, notamment lorsqu'il s'agit de rendre compte de débats et discussions dans des congrès, des assemblées importantes... Si la forme et l'aspect de la machine n'ont pas varié depuis sa conception, celle-ci est dotée des derniers progrès techniques : connexion à un micro-ordinateur par exemple qui permet de décodage immédiat de la prise de notes. Ce n'est donc plus la sténotypiste qui transcrit ses notes, mais un ordinateur.

Mon avis personnel :

Ayant utilisé les différents systèmes au cours de ma carrière professionnelle, je puis vous dire que ma préférence va à la sténographie et à sa retranscription. Je ne vais pas en énumérer les avantages (et les inconvénients). J'ajouterai qu'à l'heure actuelle, j'utilise encore toujours la sténographie au téléphone, par exemple, et la dactylographie (celle à 10 doigts, telle qu'on l'enseignait autrefois !) - l'un n'allant pas sans l'autre -  dans ma vie de tous les jours (ne fût-ce que pour venir sur le site !).

Pour terminer, la sténographie a-t-elle encore un avenir ? Faut-il suivre des cours de sténographie ?

Incontestablement, il s'agit d'un « plus » sur un curriculum vitae, mais pas une exigence fondamentale. Cependant, il est évident que pour certaines professions, cela vous facilitera la vie. Alors, pourquoi ne pas tenter l'aventure ?