Stupeur et tremblements

La jeune Belge Amélie (Nothomb) vient de terminer ses études universitaires et a décroché un contrat d'un an dans le service comptabilité de la section import-export de la puissante compagnie Yumimoto au Japon, en tant que traductrice, grâce à sa parfaite maîtrise de la langue (puisqu'elle a vécu au Japon jusqu'à l'âge de 5 ans).

Le premier jour dans l'entreprise ressemble à un bizutage, Mr Saito (le chef de Mademoiselle Fubuki Mori qui est la chef d'Amélie) lui assignant des tâches futiles pour l'occuper : écrire, et recommencer sans cesse (et sans explications) une lettre à un inconnu, apporter le café, photocopier et recommencer sans cesse des photocopies (inutiles) pour atteindre une soi-disant perfection.

Les jours qui suivront ne seront pas meilleurs, Amélie ne comprenant toujours pas son rôle dans la compagnie, se cherchant elle-même du travail pour s'occuper, prenant des initiatives très mal vues par sa hiérarchie et enchaînant les gaffes. Amélie va se heurter à un système rigide et découvrir petit à petit à ses dépens à quel point la culture japonaise est tellement différente de la culture occidentale.

Croyant avoir gagné la confiance de Fubuki qu'elle considère comme son amie (et dont la beauté la fascine au point de ne plus écouter ce qu'elle lui raconte), elle tombe des nues en apprenant que c'est Fubuki qui l'a dénoncée pour avoir pris l'initiative de réaliser le travail d'un collègue (pour lequel elle était parfaitement qualifiée et qu'elle a parfaitement mené à bien) en son absence, chose qui est impardonnable au Japon. Fubuki ne supportait pas qu'Amélie puisse avoir une promotion aussi rapidement alors qu'il lui a fallu des années pour avoir le poste qu'elle occupe. Cette intrigante et fière Fubuki va être à l'origine de la descente aux enfers d'Amélie qui va gravir les échelons ... mais dans le sens inverse.

D'un travail basique de classement de factures (où Amélie commettra des erreurs, mettant en colère Fubuki, persuadée qu'elle l'a fait exprès pour se venger), Amélie passera à un travail de vérification de notes de frais (pour lequel elle n'était manifestement pas du tout faite). Sa déchéance ne s'arrêtera pas là : en voulant consoler Fubuki éplorée qui s'était réfugiée dans les toilettes pour cacher sa honte après une très grave réprimande de son chef, Amélie se verra attribuer sa nouvelle affectation : ... les toilettes, car Fubuki est persuadée qu'Amélie y était venue pour goûter le plaisir de la voir humiliée.

Amélie va donc passer ses derniers mois à remplacer le rouleau de tissu et à renouveler le papier hygiénique s'il venait à manquer, y compris dans les WC des messieurs. Par solidarité avec Amélie, la majorité d'entre eux boycottera les toilettes de cet étage.

Pourtant, Amélie ne démissionnera pas, la démission étant le plus grand déshonneur pour un Japonais. Avec un moral à toute épreuve, elle puisera le courage de tenir de longs mois au sein de ce milieu hostile dans sa force de caractère, dans son intérêt pour observer et essayer de comprendre la culture japonaise, mais aussi dans ses deux plus grands plaisirs : celui d'admirer la beauté de sa tortionnaire et celui de s'imaginer en train de se défenestrer, la vue étant si belle...