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Patinage artistique : chorégraphes
Le chorégraphe associe, à travers un programme, musique et mouvements pour exprimer un thème, et transmettre l'émotion de l'esthétisme, tout en respectant les règles dictées par l'ISU (International Skating Union). Il doit personnaliser le programme en mettant en valeur les qualités techniques et artistiques du patineur : son style, sa personnalité, son expressivité. Concevoir une chorégraphie nécessite tout d'abord le choix d'un thème, qui raconte une histoire ou qui laisse une plus grande part à l'imagination en suggérant au spectateur des idées ou des sentiments à partir de symboles. Le choix du thème est fait en général plusieurs mois avant le début de la nouvelle saison. Mais il arrive que certains patineurs changent de thème en cours de saison pour maximiser leurs chances de médaille (c'est ce qui est arrivé à Surya Bonaly durant la saison 1995-1996). Et il arrive qu'à l'inverse, certains patineurs reprennent le thème de l'année précédente, voire d'il y a plusieurs saisons (comme Brian Joubert qui avait repris en 2006 le thème de Matrix pour le championnat du monde). Un vaste choix de thèmes possibles s'offre au patineur : - allant du thème classique (comme le programme libre d'Alexei Urmanov en 1995 ou le programme court d'Oksana Baïul en 1994 sur le lac des cygnes de Tchaïkovski) ; - au thème moderne (comme le programme libre de Florent Amodio en 2011 sur les musiques de Michael Jackson) - en passant par des thèmes de comédies musicales (comme le programme libre d'Irina Slutskaya en 1996 ou celui d'Oksana Baïul en 1994) - ou des thèmes représentant un personnage (comme Le Parrain, Lucky Luke ou Napoléon par Philippe Candeloro, ou le torero par Surya Bonaly en 1992) - ou racontant une histoire (comme le programme de Bonnie and Clyde d'Isabelle Delobel et Olivier Schoenfelder en 2006) - ou représentant des symboles, des idées, des concepts ou des théories (comme le programme de Vanessa Gusmeroli en 1998 sur les quatre éléments : la terre, l'eau, le feu, l'air),etc. Le chorégraphe réalise un véritable travail de composition avec comme souci constant, la recherche de l'esthétisme, de la diversité et de l'originalité dans les placements, les mouvements, les lignes. Il a recours à des outils propres à la danse et il combine les éléments techniques et la musique en adaptant la vitesse de patinage, les changements de rythme et les mouvements en fonction des nuances de la musique. Il doit composer avec les aptitudes physiques et le style personnel du patineur pour enchaîner les difficultés techniques ; Il doit minimiser la part de l'improvisation pour que le patineur puisse répéter son programme plus facilement et se concentrer sur les difficultés techniques ; il doit étudier les gestes jusque dans le détail, car la gestuelle est un mode d'expression à part entière et chaque geste doit avoir une signification ; Il doit relier les mouvements et les trajectoires au thème choisi : un programme de qualité se reconnaît à ce qu'il fait naître, de la cohérence entre la musique, le thème et la chorégraphie, une impression d'harmonie et d'équilibre.
Par exemple : une grosse difficulté technique (triple ou quadruple saut) placée à la fin d'un crescendo musical (créant un effet de suspense) ou bien au moment où la musique marque une pause avant de reprendre procurera de l'émotion au spectateur : ainsi, dans son programme libre lors du championnat du monde de 2006 (qu'il remporta) sur le thème des quatre saisons de Vivaldi, chorégraphié par Salomé Brunner, Stéphane Lambiel a superbement atterri chaque saut de sa combinaison quadruple boucle piquée-triple boucle piquée en accord parfait avec les notes des violons, procurant des frissons aux amateurs. De même, un mouvement lent enchaîné avec une pirouette au début d'une longue note aiguë de violon captivera le spectateur (comme par exemple lors du programme long de Peggy Fleming en 1968 sur le thème musical de 'Mon cœur s'ouvre à ta voix' de Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns, ou lors du programme long de Lu Chen en 1996 sur le 2e mouvement du 2e concerto pour piano de Rachmaninov, chorégraphié par Sandra Bezic). De même, en 1998 Vanessa Gusmeroli nous avait enchantés avec un magnifique grand écart inattendu en parfaite harmonie avec une note musicale aiguë et brève, inattendue elle aussi.
Le chorégraphe travaille en synergie avec le patineur pour monter un programme ambitieux capable de remporter la compétition, tout en faisant en sorte que le patineur puisse être à l'aise avec son programme, en se ménageant des temps de récupération suffisants avant de grosses difficultés techniques, en assumant les choix artistiques etc. Bien souvent, dans la construction de la chorégraphie du programme, une large part de créativité et d'initiatives est laissée au patineur qui pourra plus tard devenir lui-même un chorégraphe s'il le souhaite. |
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