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Jaurès (Jean) - cours
Jean Jaurès 1859 - 1914
Jean Jaurès, grande figure du socialisme a une personnalité complexe et passionnante. Rien n'est figé, il évolue en permanence grâce à ses facultés intellectuelles exceptionnelles, sa noblesse de cœur et sa puissance de travail. C'est bien modestement que j'écris ces quelques lignes pour vous le présenter. Elles ne sont pas suffisantes bien sûr pour définir un homme de cette envergure. Mes sources sont toutes répertoriées en fin d'introduction.
Jean Jaurès (Auguste, Marie, Joseph), homme politique français, est né à Castres dans le Tarn le 3 septembre 1859 et sera assassiné à la veille de la déclaration de guerre, le 31 juillet 1914 à Paris. Il est d'une famille de petits bourgeois peu aisés. Il recevra en 1877 une bourse d'internat et préparera à Louis-le-Grand l'Ecole Nationale Supérieure (ENS). Il fait de très brillantes études (pour la petite histoire, en 1878 il est reçu premier en philosophie à l'ENS devant le célèbre Henri Bergson). Son avenir est tout tracé : il sera professeur de philosophie, à Albi, puis maître de conférences à la faculté des lettres de Toulouse.
Dès 1885, il entre en politique pour soutenir Jules Ferry. Il est élu plus jeune député en octobre 1885. C'est un républicain laïque (pas encore de centre gauche), excellent tribun, et grand humaniste. Il est de tous les combats mais refuse toutes les violences. Il s'opposera notamment au célèbre général Boulanger. C'est un pacifiste. En 1886, il épouse Louise Bois fille d'un sous-préfet, marchand fortuné de fromage en gros, qui lui apporte en dot la belle propriété de Bessoulet près de Villefranche-d'Albigeois, où vivra la famille Jaurès.
En 1889, il est battu à Castres (son fief) aux élections législatives. Il reprend son enseignement à la faculté de Toulouse où il est reçu docteur en philosophie le 12/3/1892 pour sa thèse principale, et finit sa thèse latine "Les origines du socialisme allemand chez Luther, Kant, Fichte, et Hegel". Parallèlement, il devient journaliste à la Dépêche de Toulouse (il y avait écrit précédemment la "Lettre aux instituteurs et institutrices" du 15/1/1888). À partir de là, il prend conscience de la condition ouvrière. Il apportera son soutien à la grande et longue grève des mineurs de Carmaux (point de départ le licenciement du 2/8/1892 de Jean-Baptiste Calvignac, syndicaliste et tout jeune maire de Carmaux). L'État enverra la troupe. Jaurès écrit dans la Dépêche et soutient les mineurs. Puis, il soutiendra aussi en 1895, les ouvriers en grève de la verrerie Sainte-Clotilde de Carmaux qui finiront par ouvrir une verrerie autogérée avec son soutien à Albi. "Il y fait personnellement l'apprentissage de la violence policière dans la rue, de la persécution judiciaire et de la fourberie du pouvoir politique." (Source Madeleine Rebérioux). L'histoire dira que c'est à partir de là qu'il s'est converti au socialisme. Il est réélu député, cette fois socialiste en 1893, et défend avec passion tous les ouvriers. Il s'élèvera aussi contre les massacres d'Arméniens en Asie Mineure et essaiera de faire bouger les lignes en Europe.Il est, au départ, convaincu de la culpabilité du capitaine Dreyfus. La femme de ce dernier demandera la révision de son procès. Mais en août 1898, les aveux de faux en écriture du lieutenant-colonel Henry, contre Alfred Dreyfus,convaincront totalement Jaurès de son innocence. Il sera alors son plus fervent défenseur, avec Emile Zola et quelques autres. Jaurès atteint alors une audience quasi nationale. Toutefois, cette défense du capitaine Dreyfus, lui coûtera son siège de député. Il retourne au journalisme et notamment à la« Petite République » fondée en 1876, journal socialiste républicain. Il en devient co-directeur. Il va publier dans les colonnes de ce journal « Les preuves relatives à l'affaire Dreyfus ». Il y soutiendra aussi le gouvernement de Pierre Waldeck-Rousseau (Emile Loubet, est président) qui choisira un ministre socialiste nommé Alexandre Millerand (au Commerce et à l'Industrie). Il participera à la création en 1902 du premier "Parti socialiste français" et redeviendra député de Carmaux. Il le restera jusqu'à sa mort en 1914.
En 1904, il crée le quotidien "L'Humanité"* "le journal des dix-sept agrégés", qui l'ont soutenu dans ses combats (Affaire Dreyfus, le droit ouvrier, et la liberté de conscience qui sera prochainement inscrite dans la loi de décembre 1905). Le premier numéro sort le 18/04/1904. Il dirigera le journal jusqu'à sa mort.
Il fait partie avec Ferdinand Buisson comme président, et Aristide Briand, de la commission des trente-trois membres dont dix-sept députés qui feront aboutir la loi de séparation de l'Église et de l'État. (Loi du 9 décembre 1905, en vigueur au 1er janvier 1906). Je ne reviendrai pas beaucoup sur le "séisme" provoqué par ce "divorce" français, inspiré de nos philosophes des Lumières et de la Convention Nationale de 1794, mais ce fut jusqu'à la déclaration de guerre de 1914 particulièrement houleux en France et dans toutes les couches de la société. Le gouvernement était en rupture presque complète avec le Vatican. Il y eut aussi quelques décès au moment des inventaires des églises.
En 1905, se crée au congrès du Globe, la SFIO (Société française de l'Internationale ouvrière) qui existera jusqu'en 1969. Elle regroupe le petit parti socialiste de 1902 et toutes les autres mouvances socialistes françaises. Jean Jaurès y jouera un rôle prépondérant bien qu'il ne puisse faire partie de la direction en tant qu'élu. Avec son journal l'Humanité, sa place de chef de parti au Parlement, il semble être le vrai chef du parti socialiste. C'est un grand orateur, cultivé, il est écouté et influent. Le 28 juillet 1914, la SFIO publie "À bas la guerre ! Vive la république sociale ! Vive le socialisme international". Jaurès le pacifiste envoie des appels au calme partout en Europe, car le nationalisme monte, tel un brasier. Pour schématiser, l'Europe de 1914 est divisée en deux blocs distincts. D'une part, les empires prussien, austro-hongrois et l'Italie, c'est la Triple-Alliance (ou Triplice ; Bismarck est à l'origine de ces alliances), et d'autre part, la France, le Royaume-Uni et la Russie : c'est la Triple-Entente. Entre eux, ces États sont liés par des alliances en cas de conflit armé. Un sentiment d'insécurité monte en Europe depuis le 28 juin 1914 à Sarajevo, où un nationaliste serbe ** avait abattu l'archiduc François-Ferdinand héritier de l'Empire austro-hongrois et son épouse, la comtesse Sophie Chotek.
En 1913-1914, tout devient polémiques, insultes, menaces entre politiciens de droite et de gauche, journalistes. L'ambiance est lourde pour un Jean Jaurès pacifiste, humaniste et lucide ne cédant en rien à ses convictions profondes. Depuis 1913, une partie de la gauche est contre la "loi des Trois ans" (augmentation de la durée du service militaire de 2 à 3 ans pour préparer l'armée à une possible guerre contre l'Allemagne) car la gauche de Jaurès préfère négocier par la diplomatie avec l'Allemagne afin d'éloigner cette terrible menace, en Europe. On surnomme Jean Jaurès "Herr Jaurès" et on le menace de la guillotine (Maurras et Péguy). Et puis, certains pensent à la revanche de 1870. Le 25/5/1913 au Pré-Saint-Gervais à Paris, a lieu une manifestation de près de cent cinquante mille (150 000) personnes, contre cette loi, d'où la célèbre photo de Jaurès avec un drapeau. Dans les casernes, il y eut quelques mutineries comme à Rodez, ou à Toul.
Je souhaiterais enfin citer Madame Madeleine Rebérioux (page 10/15) sur un aspect de Jean Jaurès que j'ai découvert "Surtout peut-être il se tourne vers l'Islam : il se lie d'amitié avec les leaders du mouvement Jeunes-Turcs, tout en ouvrant les colonnes de l'Humanité aux premiers socialistes turcs persécutés, et avec quelques Égyptiens modernistes. Grâce à eux sans doute il parvient à une vision originale de la civilisation arabe dont il fera l'éloge à la Chambre le 1er février 1912. Il accède ainsi, rompant insensiblement avec le franco-centrisme de ses jeunes années et même de sa maturité, à un pluralisme culturel exceptionnel chez les socialistes de sa génération."
Extrait du dernier discours de Jean Jaurès à Lyon-Vaise 9e le 25/7/1914 (texte entier dans les notes)
“Il n'y a plus, au moment où nous sommes menacés de meurtre et de sauvagerie, qu'une chance pour le maintien de la paix et le salut de la civilisation, c'est que le prolétariat rassemble toutes ses forces qui comptent un grand nombre de frères, Français, Anglais, Allemands, Italiens, Russes, et que nous demandions à ces milliers d'hommes de s'unir pour que le battement unanime de leurs cœurs écarte l'horrible cauchemar.”
Le 31 juillet 1914 à 21 h 40, Raoul Villain, étudiant nationaliste fanatique de Reims, abat Jean Jaurès au Café du Croissant, angle rue Montmartre, rue du Croissant à Paris, où il dînait près du siège de son journal. L'assassin sera acquitté le 29 mars 1919 à la surprise de tous ses amis.
Le 1er août 1914, l'Allemagne ouvre les hostilités en déclarant la guerre à la Russie (membre de la Triple-Entente).
Le 2 août 1914, mobilisation générale en France. Le lendemain, 3 août, l'Empire allemand déclare la guerre à la France et à la Belgique, envahit le Luxembourg. Le 4 août, le Royaume-Uni déclare la guerre à l'Allemagne. Le 6 août, l'Autriche-Hongrie, déclare la guerre à la Russie qui soutient les Serbes. Le 11 et le 13 août, la France et le Royaume-Uni, déclarent la guerre à l'Autriche-Hongrie.
* Le journal l'Humanité sera communiste à partir de 1920 (Congrès de Tours). C'est Lucien Herr, ami de Jean Jaurès qui donnera l'idée de ce nom au journal.
** Nommé Gavrilo Princip. Il était membre de « Jeune Bosnie ». La Bosnie-Herzégovine était occupée par l'Autriche-Hongrie à l'époque. La date choisie pour cette visite par le couple impérial heurtait profondément la sensibilité religieuse des Serbes orthodoxes. C'était le jour de Vidovan. (St Guy)
Compléments avec la correction. Merci.
Film, téléfilm, documentaire Jaurès, naissance d'un géant (avec Philippe Torreton dans le rôle de Jaurès. Grève de Carmaux) https://www.youtube.com/watch?v=eN-SGun4iIs Jean Jaurès, toujours vivant (Arte) 55 min. https://www.youtube.com/watch?v=GYmIpK8-Se0 La Séparation (1905 Loi de Séparation de l'Église et de l'État) 1 h 20 https://www.youtube.com/watch?v=xxgg3cU3B2E Ouvrages, études, documents - Etude de Madeleine Rebérioux, historienne du socialisme et de l'œuvre de Jaurès, Présidente de la Ligue des Droits de l'Homme https://maitron.fr/spip.php?article23962 - Biographie lue dans « Les Grands Héros de l'Histoire de France, L'Express Poche, de Dimitri Casali (historien) et Fabien Tesson (professeur d'histoire) (papier) Sites utiles Le site sur Jaurès : Rallumer tous les soleils Gallica (pour la presse et pléthore de documents sur la IIIe République, ainsi que les œuvres de J. Jaurès https://gallica.bnf.fr/accueil/fr/content/accueil-fr?mode=desktop Jaurès assassiné https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k253902z Premier numéro de l'Humanité du 08/04/1904 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k250185j/f1.image Wikipédia (pour les photos) et l'affaire Henriette Caillaux Assemblée nationale (dont plusieurs de ses discours, et un petit film de 3 ou 4 min. https://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/histoire/1914-1918/hommage-a-jean-jaures L'Humanité pour les articles d'époque et ceux du centenaire de sa mort en 2014, dont https://www.humanite.fr/jaures-et-les-femmes-551057 https://www.humanite.fr/etiquettes/chronique-de-gilles-candar
25/05/1913 Discours du Pré-Saint-Gervais https://www.humanite.fr/il-y-un-siecle-jean-jaures-enflammait-le-pre-saint-gervais Le dernier discours de Vaise du 25/07/1914 https://www.humanite.fr/sites/default/files/legacy/doc1jeanjaures.pdf Nombreuses infos, coupures de journaux, le café du Croissant, etc. http://87dit.canalblog.com/archives/2019/01/07/36998299.html 100 ans après La semaine de Castres https://www.lasemainedecastres.fr/villefranche-dalbigeois-se-souvient-100-ans-apres/ Chansons Jacques Brel, Jaurès https://www.youtube.com/watch?v=oOaV69tVaTY Zebda, Jaurès https://www.youtube.com/watch?v=EUoxRR5aRlI Musées https://www.ville-castres.fr/fr/centre-national-et-musee-jean-jaures-presentation Fondation Jean-Jaurès |
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