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Axel de Fersen
Que sait-on de ce personnage énigmatique (que je trouve sympathique) et qui au péril de sa vie, tentera par tous les moyens de sauver le couple royal français arrêté par les révolutionnaires à Varennes-en-Argonne le 21 juin 1791 ? Je ne vous apprendrai rien sur sa supposée liaison avec la reine de France. Ses divers biographes font état de nombreuses aventures ou liaisons féminines (parfois très longues, notamment avec Lady Elizabeth Foster, très connue, pour avoir formé un trio étonnant avec William Cavendish, comte du Devonshire et Georgiana Spencer son épouse), mais je n'ai pas souhaité développer l'aspect intime de la vie de cet homme.
Hans Axel von Fersen est né le 4 septembre 1755 à Stockholm, dans la famille la plus noble de Suède (après celle du roi) dont il est le fils aîné. Il est très beau comme tous les membres de sa famille, avec des yeux noirs, des cheveux bruns et une peau mate. De plus il est très grand avec une allure élégante. Toute l'Europe est francophile à cette époque, et son père l'est probablement encore plus que les autres. Il disait à ses quatre enfants de parler français mais aussi de penser en français. Axel de Fersen n'a que 19 mois de différence avec la comtesse Eva Sophie Piper sa sœur (née von Fersen) dame d'honneur de la reine de Suède, qui sera toujours son amie, et sa confidente. Fredrik Axel, son père, est brillant, et très riche. Il est sa référence en tous points. Il fut conseiller du royaume. Axel de Fersen avait peu d'affection semble-t-il, pour sa mère Hedwige-Catherine de La Gardie (d'origine lointaine française et luthérienne au XVIe siècle).
Il parlait cinq langues. À presque quinze ans (3/6/1770), il part faire son « Grand Tour » comme le faisaient tous les garçons de la haute société européenne. Il part avec un pécule important, en compagnie de son gouverneur et de son valet. Dans chaque pays, où il séjournait environ six mois, il étudiera l'excellence en tout : les langues, la philosophie, la géographie, la musique, l'architecture, l'industrie, etc. et l'art militaire avec maniement des armes. Il se devra de visiter tous les musées, tous les théâtres et tous les opéras. Son emploi du temps est très chargé. Il rend compte de tout cela, à son père en lui écrivant très souvent ainsi qu'à sa sœur Sophie. Il découvre la musique qu'il aime passionnément, le théâtre et peut aller à l'opéra tous les jours, il aime aussi beaucoup les vêtements, l'apparat mais il est très discret, concentré, observateur et froid, en apparence. Son journal (qu'il écrit en français) prouvera au contraire qu'il est un être sensible et passionné. Il appréciera presque tous les pays traversés sauf l'Angleterre. Il est accueilli partout dans les plus grandes familles, à cause de la notoriété de son père, Fredrik von Fersen, mais il est apprécié aussi pour lui-même en raison de sa parfaite éducation. Il a adoré Naples et l'opéra où il a rencontré Marie-Caroline, sœur de Marie-Antoinette à qui elle ressemble tant. Il y rencontre aussi l'ambassadeur de France, le baron de Breteuil (Louis Auguste Le Tonnelier de Breteuil, neveu de la célèbre Emilie du Châtelet), ami de son père, mais bientôt aussi un ami intime même aux heures troublées de la Révolution et sa fille Madame de Matignon (Angélique-Marie), qui compta beaucoup, puisqu'il dira d'elle qu'elle était la seule femme avec qui il aurait pu envisager de se marier. Ce « Grand Tour » durait 4 ans. A partir de là, il commencera son journal qu'il écrira toute sa vie. Il écrira aussi plus de vingt mille lettres. Il finira son périple en rencontrant Voltaire à Fernay (frontière suisse) qui le recevra (en robe de chambre) pendant presque deux heures. Il traversera enfin la France pour visiter Paris et sera reçu par Louis XV puis le dauphin Louis et Marie-Antoinette le 19/11/1773. Il est étourdi par le faste de Versailles. Il a 19 ans, il va rentrer en Suède, avec le goût du voyage, l'amour de la France sous les reproches de son père sur ses dépenses exorbitantes. Gustave III, roi de Suède, est satisfait de ces visites, puisque Versailles soutient financièrement la Suède.
Un de ses compatriotes (le général Gustaf Mauritz Armfelt) militaire et aristocrate suédois a dit de lui : « Avec son air froid, il a une grande sensibilité et une grande honnêteté, plus on le connaît, plus on l'aime, c'est une sorte d'homme rare et fidèle qu'on ne trouve guère plus à notre époque ».
Source : « L'Énigme Fersen » de Françoise Wagener, 2016, Albin Michel
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