Chambord (château)

Chambord, le château de chasse de François Ier

En Sologne, à une quinzaine de km de Blois, se situe le plus vaste des châteaux de la Loire : Chambord. Le plus vaste, mais également le plus connu et le plus visité, puisque près de 800 000 visiteurs payants s'y rendent chaque année, pour découvrir ce magnifique château emblématique de la Renaissance française.

Classé monument historique et inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, Chambord est une propriété de l'Etat français depuis 1932.

En 1516, revenant d'Italie avec Léonard de Vinci, François Ier était désireux de faire bâtir une résidence de chasse de style Renaissance italienne. Rapidement, ce projet architectural prit de l'ampleur afin de devenir une 'merveille du monde' admirée des souverains et ambassadeurs et symbole de sa majesté et immortalisant son 'prince architecte'.

Chambord fut l'un des plus gros chantiers de la Renaissance. Le château est érigé sur une zone marécageuse : le gué de la rivière Cosson, affluent du Beuvron, lui-même affluent de la Loire, à l'emplacement d'un ancien château fort. Le cours de Cosson a été détourné pour former un canal alimentant les douves du château.

Chambord est construit sur le plan d'un château fort, mais sans aucune évocation guerrière. L'enceinte rectangulaire de 156 m sur 117 m est flanquée de 4 tours aux angles. Sur le côté NO s'érige le corps central appelé donjon, de forme carrée, délimité par 4 tours représentant les points cardinaux.

L'intérieur du donjon est composé de 5 niveaux habitables. Chaque niveau comporte 1 appartement par tour et 4 appartements carrés séparés au centre par 4 couloirs (en forme de croix) qui se rejoignent au centre par le fameux grand escalier à double révolution (ou à 'double hélice') : cet escalier à double vis (que l'on doit probablement à Léonard de Vinci) comprend 2 rampes superposées en hélice l'une au-dessus de l'autre permettant à une personne qui descend de ne pas rencontrer celle qui monte.

Au 2e étage, on reconnaît dans les voûtes en berceau à caissons (innovation d'inspiration italienne), les symboles de François Ier : la salamandre et son chiffre royal F accompagné d'une cordelette, emblème de Louise de Savoie, sa mère.

Par l'escalier central, on accède à la grande terrasse, bordée de balustres et ornementée de modillons, qui permet de faire le tour du donjon. On peut y admirer la toiture ciselée d'une profusion de clochetons, de tourelles d'escaliers et de lucarnes. Les ardoises (qui contrastent avec le blanc de la pierre de tuffeau) découpées en ronds, en losanges ou en carrés, et disposées sur les cheminées et les lucarnes, forment comme des mosaïques d'inspiration italienne (cf photos ci-dessous).

On dénombre environ 365 cheminées et 800 chapiteaux sculptés qui ornent cet édifice. Cette terrasse aux mille recoins et offrant une vue panoramique impressionnante était le lieu de prédilection des rois et de la Cour pour les fêtes, les tournois etc.

François Ier va faire ensuite étendre le château en ajoutant une aile nord (où il installe ses appartements), une aile occidentale où se trouve la chapelle. Mais la progression des travaux sera considérablement freinée après 1547, l'année de sa mort. Ils seront poursuivis sous le règne de Louis XIV, en 1684, par la couverture de la chapelle et la construction de la galerie reliant le donjon à la chapelle. Mais le château reste inachevé puisque les 2 tours côté sud n'ont jamais été érigées.

Au total, ce château de la démesure comporte 426 pièces et 77 escaliers (dont 13 grands), et culmine à 54 m de haut (par une fleur de lys au sommet de cet édifice pyramidal surmontant le grand escalier central, composé d'une lanterne surmontée d'une étroite tourelle, puis d'un lanternon) : cf photo ci-dessous.

Le domaine national de Chambord constitue le plus grand parc forestier clos d'Europe avec 5441 ha (dont environ 4500 de bois et moins de 1000 ouverts au public), et ceint de 32 km de mur (le plus long de France). On y trouve bien sûr le parc du château, les rives du Cosson, mais aussi plusieurs étangs.

La faune comprend de nombreux animaux de chasse : sangliers, biches, cerfs, mais aussi une centaine d'espèces d'oiseaux.

Des terrasses du donjon, François Ier pouvait ainsi suivre le mouvement des veneurs et de la meute.

La décoration cynégétique est présente à chaque étage avec, dès le rez-de-chaussée, la salle des Soleils, décorée de tapisseries et d'animaux naturalisés, et au second étage, le musée national de la chasse et de la nature. Des expositions ont lieu régulièrement pour présenter la collection de tapisseries de grande dimension qui donne une idée fidèle de ce qu'était la décoration de Chambord du temps de François Ier (lorsqu'il s'y rendait car il a très peu dormi à Chambord).

Ce château n'a jamais été autant habité qu'au XVIIIe siècle et la décoration actuelle des appartements du IFer étage en témoignent avec les appartements du roi (Louis XIV dont la chambre est photographiée ci-dessus) et de la reine (Marie-Thérèse d'Autriche, puis Madame de Maintenon), l'appartement du Grand Dauphin (fils de Louis XIV) transformé en musée du comte de Chambord (dernier propriétaire de Chambord), et les appartements du XVIIIe siècle (côté sud) réaménagés pour les rendre moins spacieux et plus confortables.