Le Crime de Sylvestre Bonnard - extrait
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Message de riemann posté le 07-09-2019 à 09:55:49 (S | E | F)
Bonjour à toutes et à tous ! J'aurais besoin de votre aide. Je suis en train de lire « Le Crime de Sylvestre Bonnard » d'Anatole France, et j'ai du mal à en comprendre la fin ! Pourriez-vous me dire comment vous comprenez l'extrait ci-dessous ?
Contexte : Le narrateur est Sylvestre Bonnard, un vieillard qui a jadis enlevé Jeanne Alexandre d'une institution pour la protéger des tuteurs abusifs. Cette jeune fille a épouse Henry Gélis, un élève de Bonnard, et ils ont un enfant - le petit Syvestre.
Le petit Sylvestre y avait son berceau. C’était un joli enfant, mais il était bien pâle. Quand il jouait sur l’herbe, sa mère le suivait d’un regard inquiet et à tout moment arrêtait son aiguille pour le reprendre sur ses genoux. Le pauvre petit ne voulait pass’endormir. Il disait que quand il dormait il allait loin, bien loin, où c’était noir et où il voyait des choses qui lui faisaient peur et qu’il ne voulait plus voir.
Alors sa mère m’appelait, et je m’asseyais près de son berceau: il prenait un de mes doigts dans sa petite main chaude et sèche et il me disait :
– Parrain, il faut que tu me contes une histoire. Je lui faisais des contes de toute sorte, qu’il écoutait gravement. Tous l’intéressaient, mais il y en avait un surtout dont
sa petite âme était émerveillée : c’était l’Oiseau bleu. Quand j’avais fini, il me disait :
– Encore ! encore !
Je recommençais, et sa petite tête pâle et veinée tombait sur l’oreiller. Le médecin répondait à toutes nos questions :
– Il n’a rien d’extraordinaire !
Non ! Le petit Sylvestre n’avait rien d’extraordinaire. Un soir de l’an dernier, son père m’appela :
– Venez, me dit-il ; le petit est plus mal.
J’approchai du berceau près duquel la mère se tenait immobile, attachée par toutes les puissances de son âme. Le petit Sylvestre tourna lentement vers moi ses prunelles qui montaient sous ses paupières et ne voulaient plus redescendre.
– Parrain, me dit-il, il ne faut plus me dire des histoires.
Non, il ne fallait plus lui dire des histoires !
Pauvre Jeanne, pauvre mère !
Je suis trop vieux pour rester bien sensible, mais, en vérité, c’est un mystère douloureux que la mort d’un enfant.
Aujourd’hui, le père et la mère sont revenus pour six semaines sous le toit du vieillard. Les voici qui reviennent de la forêt en se donnant le bras. Jeanne est serrée dans sa mante noire, et Henry porte un crêpe à son chapeau de paille ; mais ils sont tous deux brillants de jeunesse et ils se sourient doucement l’un à l’autre, ils sourient à la terre qui les porte, à l’air qui les baigne, à la lumière que chacun d’eux voit briller dans les yeux de l’autre. Je leur fais signe de ma fenêtre avec mon mouchoir, et ils sourient à ma vieillesse. Jeanne monte lestement l’escalier, m’embrasse et murmure
à mon oreille quelques mots que je devine plutôt que je ne les entends. Et je lui réponds :
– Dieu vous bénisse, Jeanne, vous et votre mari, dans votre
postérité la plus reculée. Et nunc dimittis servum tuum, Domine.
Est-ce que le petit Sylvestre, l'enfant de Jeanne et Gélis est décédé ? Il semble que oui (c’est un mystère douloureux que la mort d’un enfant), pourtant à la fin Jeanne et Henry semblent apaisés et joyeux.
Qui plus est, Bonnard bénit leur postérite la plus reculée... Je suis perdue.
Merci d'avance.
Message de riemann posté le 07-09-2019 à 09:55:49 (S | E | F)
Bonjour à toutes et à tous ! J'aurais besoin de votre aide. Je suis en train de lire « Le Crime de Sylvestre Bonnard » d'Anatole France, et j'ai du mal à en comprendre la fin ! Pourriez-vous me dire comment vous comprenez l'extrait ci-dessous ?
Contexte : Le narrateur est Sylvestre Bonnard, un vieillard qui a jadis enlevé Jeanne Alexandre d'une institution pour la protéger des tuteurs abusifs. Cette jeune fille a épouse Henry Gélis, un élève de Bonnard, et ils ont un enfant - le petit Syvestre.
Le petit Sylvestre y avait son berceau. C’était un joli enfant, mais il était bien pâle. Quand il jouait sur l’herbe, sa mère le suivait d’un regard inquiet et à tout moment arrêtait son aiguille pour le reprendre sur ses genoux. Le pauvre petit ne voulait pass’endormir. Il disait que quand il dormait il allait loin, bien loin, où c’était noir et où il voyait des choses qui lui faisaient peur et qu’il ne voulait plus voir.
Alors sa mère m’appelait, et je m’asseyais près de son berceau: il prenait un de mes doigts dans sa petite main chaude et sèche et il me disait :
– Parrain, il faut que tu me contes une histoire. Je lui faisais des contes de toute sorte, qu’il écoutait gravement. Tous l’intéressaient, mais il y en avait un surtout dont
sa petite âme était émerveillée : c’était l’Oiseau bleu. Quand j’avais fini, il me disait :
– Encore ! encore !
Je recommençais, et sa petite tête pâle et veinée tombait sur l’oreiller. Le médecin répondait à toutes nos questions :
– Il n’a rien d’extraordinaire !
Non ! Le petit Sylvestre n’avait rien d’extraordinaire. Un soir de l’an dernier, son père m’appela :
– Venez, me dit-il ; le petit est plus mal.
J’approchai du berceau près duquel la mère se tenait immobile, attachée par toutes les puissances de son âme. Le petit Sylvestre tourna lentement vers moi ses prunelles qui montaient sous ses paupières et ne voulaient plus redescendre.
– Parrain, me dit-il, il ne faut plus me dire des histoires.
Non, il ne fallait plus lui dire des histoires !
Pauvre Jeanne, pauvre mère !
Je suis trop vieux pour rester bien sensible, mais, en vérité, c’est un mystère douloureux que la mort d’un enfant.
Aujourd’hui, le père et la mère sont revenus pour six semaines sous le toit du vieillard. Les voici qui reviennent de la forêt en se donnant le bras. Jeanne est serrée dans sa mante noire, et Henry porte un crêpe à son chapeau de paille ; mais ils sont tous deux brillants de jeunesse et ils se sourient doucement l’un à l’autre, ils sourient à la terre qui les porte, à l’air qui les baigne, à la lumière que chacun d’eux voit briller dans les yeux de l’autre. Je leur fais signe de ma fenêtre avec mon mouchoir, et ils sourient à ma vieillesse. Jeanne monte lestement l’escalier, m’embrasse et murmure
à mon oreille quelques mots que je devine plutôt que je ne les entends. Et je lui réponds :
– Dieu vous bénisse, Jeanne, vous et votre mari, dans votre
postérité la plus reculée. Et nunc dimittis servum tuum, Domine.
Est-ce que le petit Sylvestre, l'enfant de Jeanne et Gélis est décédé ? Il semble que oui (c’est un mystère douloureux que la mort d’un enfant), pourtant à la fin Jeanne et Henry semblent apaisés et joyeux.
Qui plus est, Bonnard bénit leur postérite la plus reculée... Je suis perdue.
Merci d'avance.
Réponse : Le Crime de Sylvestre Bonnard - extrait de jij33, postée le 08-09-2019 à 08:31:43 (S | E)
Bonjour riemann
Oui, il faut comprendre que le petit Sylvestre est mort : ses parents portent son deuil, puisque "Jeanne est serrée dans sa mante noire" (autrefois, après le décès d'un proche, les femmes s'habillaient de noir pendant au moins un an) et que Gėlis arbore un crêpe (noir) à son chapeau. Le dernier paragraphe, à partir de "Aujourd'hui", laisse supposer qu'il s'agit d'une ellipse temporelle. Du temps s'est écoulé, probablement plusieurs mois, et la vie reprend ses droits pour les parents endeuillés "brillants de jeunesse" et toujours amoureux l'un de l'autre. Le terme "postérité la plus reculée" désigne les enfants qu'ils peuvent encore avoir et les enfants de leurs enfants, sur plusieurs générations.
Êtes-vous encore "perdue" ? Bon dimanche .
Réponse : Le Crime de Sylvestre Bonnard - extrait de riemann, postée le 08-09-2019 à 14:06:31 (S | E)
Bonjour jij33, merci beaucoup pour votre aide ! Tout est clair maintenant Bon dimanche à vous aussi !
Réponse : Le Crime de Sylvestre Bonnard - extrait de jij33, postée le 08-09-2019 à 14:38:14 (S | E)
Bonne continuation.
Réponse : Le Crime de Sylvestre Bonnard - extrait de riemann, postée le 08-09-2019 à 18:11:17 (S | E)
Merci !
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